Les Allemands et leurs alliés Austro-hongrois prirent rapidement conscience que les fortifications conçues en France par Séré de Rivières et en Belgique par Brialmont constituaient un véritable problème stratégique. Si l'invention de l'obus torpille dans les années 1880 amena une première solution (les ouvrages construits en pierre et terre étaient retournés par les nouveaux obus), les modernisations successives (usage du béton et cuirassement des organes de tir) nécessitèrent la conception de pièces "ultra lourdes" dont les obus pulvériseraient les forts.
Si l'Allemagne était dotée de quelques mortiers de 420 mm, en nombre très insuffisant, c'est l'Armée "royale et impériale" (KuK) d'Autriche-Hongrie qui disposait des moyens nécessaires à la réduction des forts en 1914. L'armée Allemande se fit d'ailleurs prêter quelques batteries par son allié.Ce sont ces canons qui, entrés en service en 1911, furent responsables de la chute des forts belges ainsi ue du camp retranché de Maubeuge.
Le Fort de Troyon (fort d'intervalle entre Verdun et Toul) fut bombardé par quatre de ces pièces (200 coups tirés du 8-12 septembre 1914) qui causèrent des dégâts considérables sans toutefois entraîner la chute du fort. Pour l'anecdote, dès le 13 septembre, les troupes allemandes semblèrent être à court de munitions pour leurs 305 : cette pénurie d'obus allait en fait marquer les 18 premiers mois de la guerre. Au sortir de cinq jours de bombardement, la garnison de 450 hommes de ce fort non modernisé qui avait essuyé le tir de 3.000 projectiles (2.800 du 77 au 280 mm en plus des 200 coups de 305) déplorait la perte de seulemennt 10% de ses effectifs (mais de 50% de ses 12 canons de 90 mm tandis que ses 4 canons de 120 avaient été endommagés).
[Lire le récit fait de ces cinq terribles journées dans l'excellent CD "Le Fort de Troyon" édité chez Domiciel et actuellement difficilement trouvable.]

Les bombardements de ces pièces sont terrifiants. Lorsque l'obus de 380 kilos explose, outre un bruit inouï, c'est l'ensemble du fort qui tremble. Des morceaux de maçonneries tombent, les carreaux éclatent et une épaisse poussière envahi les casemates. Bientôt des vapeurs chimiques s'infiltrent par les fissures et empuantissent l'atmosphère. Le bombardement peut durer six heures d'affilée...


Pour son transport, le mortier est fractioné en 4 élements : Nicopolis, 1396

Enfin, ce dessin permet de voir la pièce en détail (noter la plateforme sur laquelle est installée le canon) :