De La Fortification, le logo.
0transp.gif - .832 KUne découverte par le texte et par l'image





Navigation




La transformation du système après 1886
Page mise à jour le 07 octobre 2005


La crise de
l'"obus torpille"

ette date de 1886 est importante car l'ensemble des forts et ouvrages décidés par le Comité de Défense en 1874 sont bâtis. Mais c'est aussi l'année qui marque la "crise de l'obus torpille".
Depuis les années 1860, un explosif connu sous le nom de fulmicoton a ouvert la voie aux explosifs dits "secondaires", le "primaire" étant la poudre noire. Le pouvoir brisant de cet explosif étant très supérieur, il ne fallut que quelques années pour l'introduire dans un obus. En France, le chimiste Eugène Turpin mit au point la mélinite qui était un de ces nouveaux explosifs. En outre, l'obus se vit doté d'une fusée à retardement. Elle permettait de ne plus faire exploser l'obus au contact (détonnateur) mais de retarder son explosion, par exemple jusqu'à ce que, mû par son énergie il ait traversé la couche de terre du fort pour venir percuter la maçonnerie. L'explosion perçait alors la voûte et faisait s'effondrer l'organe ainsi touché (exemple illustré) . Concrètement, cet "obus torpille" est en mesure de détruire toute fortification alors en service.
Moins de dix ans après sa mise en service, un fort Séré de Rivières de la Première Période est obsolète. Ses canons disséminés sur les dessus ainsi que leurs servants seraient annéantis par des éclats d'obus dotés de fusées de proximité, quant à ses ouvrages, ils seraient retournés par les nouveaux obus à explosion retardée. C'est ce que montrent les essais réalisés sur le fort de Malmaison en 1886 (la visite du site, près du Chemin des Dames est intéressante).
Une vague de modernisation est alors lancée mais plus par Raymond Séré de Rivières lui-même, mis à à la retraite depuis 1880.

Les modernisations intervenues en deux vagues (fin du siècle et avant la Guerre de 14) peuvent être résumées ainsi:


  • coulage de béton pour renforcer tout (Douaumont a été "mis à nu" puis à nouveau recouvert de béton) ou partie (dalles de béton de 2 m d'épaisseur à certains endroits) de l'ouvrage, ainsi qu'on l'a vu à Dongermain. Le béton, de "spécial" devient "armé" au tournant du siècle (voir page suivante pour les illustrations),


  • suppression fréquente des caponnières (trop fragiles) au moins bétonnées lorsqu'elles sont maintenues comme à Dongermain, et remplacement par des coffres de contrescarpe - examinés page suivante,


  • suppression des pièces en barbette et installation de tourelles (à éclipses), simples ou doubles, pour mitrailleuses ou pour canons de 75 ou 155 mm (très beaux exemples à Villey le Sec, Douaumont et Vaux), voire en déployant ces canons dans des batteries au dehors des forts,


  • adjonction de casemates bétonnées dans le corps de la place (batterie Sud de Villey le Sec, Dongermain) ou de casemates de Bourges (Dongermain, Troyon, Uxegney - voir pages suivantes) sur ou à côté de l'ouvrage,


  • suppression de l'escarpe remplacée par un second glacis couvert de barbelés. Les maçonneries, trop fragiles et de toutes façons appelées à s'effondrer sous l'effet des bombardements sont parfois remplacées par de la "terre croulante", c'est à dire une couche de terre à peine tassée.

L'occupation des intervalles (c'est-à-dire le déploiement des canons dans des batteries situées en dehors des forts, ceux-ci devenant essentiellement des ouvrages de défense rapprochée) s'accompagne en 1899 d'une instruction prévoyant la constitution d'une Ligne principale de résistance continue. Cette dernière voit le développement des ouvrages extérieurs aux forts, notamment d'ouvrages intermédiaires, d'abris cavernes et de réseaux de barbelés tandis que les forts reçoivent de nouvelles tourelles et des casemates de Bourges (le 75 mm est entré en service en 1897).
Enfin, en 1909, la Ligne de résistance devient Zone principale de défense suite à une instruction. Ce changement de dénomination traduit une densification accrue des ouvrages et des moyens de défense le long de l'ancienne ligne de résistance.


La casemate
de Bourges

e concept de casemate est développé sur le Polygone de Bourges. C'est une des alternatives aux tourelles blindées qui sont développées en même temps (voir les réalisations du Colonel Mougin). En effet, les tourelles sont extrêmement coûteuses puisque mélant l'acier (corps de la tourelle elle-même) et la fonte (couronne protégeant le béton autour de la tourelle) ainsi que divers mécanismes de contre-poids et les pièces elles-mêmes.
Les casemates de Bourges permettent de déployer deux pièces, des 75 mle 1897, à tir rapide. Elles sont installées dans deux chambres distinctes qui s'ouvrent sur l'avant par une embrasure et comportent à l'arrière une ouverture d'aération.
Elles sont conçues pour permettre aux forts de procéder à des tirs de flanquement vers les ouvrages voisins. Leur construction en béton assure leur survie. Les soutes à munitions sont situées sous les chambres de tir et ne sont donc pas susceptibles d'être touchées par un tir direct.
Les communications étant encore rudimentaires, le feu est dirigé, à la voix, depuis la casemate même par un officier qui a sa propre embrasure.
La ressemblance avec les bunkers dont l'Allemagne a généreusement inondé nos côtes est frappante, ces casemates ouvrent l'ère de la fortification bétonnée dont les ouvrages des années 1930 seront l'aboutissement.

La casemate de Bourges
Cliquer sur les vignettes pour voir une photo
de plus grande taille
 
Casemate équipée de ses deux pièces de 75 mm (cliquer pour accéder à la visite détaillée de la casemate)
Uxegney, Epinal
 
Autre vue prise de pleine face
Uxegney, Epinal
 
Casemate désarmée, vue de face
Domgermain, Toul
 
Casemate de côté
Domgermain, Toul
 
Casemate de dos
Domgermain, Toul





Suite Pour continuer à voir les modernisations intervenues jusqu'en 1918, cliquer ici.




Remonter au Sommet de la page
[Antiquité|Moyen-Age|La Poudre|Vauban|Montalembert|Séré de Rivières|Bibliographie|Liens|Sommaire|Livre d'or]