Une découverte par le texte et par l'image |
Définition | Cette page inhabituellement technique et détaillée décrit une catégorie d'ouvrages que j'ai découverte en 1996 au fort de Dongermain. De visites en visites, j'ai retrouvé des caponnières de formes puis d'époques variées. Pour l'anecdote, elles ont failli donner leur nom à ce site qui aurait pu s'appeler "La caponnière"! |
Naissance de la caponnière |
L'idée d'un organe situé dans les fossés et permettant de les balayer par des tirs rasants apparut au moment où les armes à feu entrèrent dans la défense des châteaux. Cette construction, dans laquelle les défenseurs ne peuvent tirer que dans le fossé, illustre la notion de spécialisation qui va dominer la fortification pour les siècles à venir. Une des premières réalisations connues peut être voir au château de Craignethan, près de Glasgow en Ecosse.
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Fortunes diverses des caponnières |
A peu près à la même époque, des caponnières sont bâties à Salses, près de Perpignan, par les Espagnols qui signent là une ambitieuse construction annonçant les fortifications des siècles à venir.
Cet organe va se retrouver dans de nombreux systèmes fortifiés mais n'aura guère sa place dans la fortification bastionnée. Ainsi, Vauban les utilisera peu (pas?). Pourtant les tours qu'il utilise dans ses deuxième et troisième Systèmes préfigurent déjà les caponnières du XIXème siècle. En effet, la partie inférieure de la tour de Vauban est équipé d'embrasures dont les tirs balaient les fossés. La partie supérieure de la tour abrite des canons dont la fonction est toute autre : tirer sur l'adversaire bien au-delà du fossé et en particulier contre battre ses canons. |
Les caponnières au XIXème siècle |
Les caponnières reviennent en fait en force au XIXème siècle avec l'introduction de la fortification polygonale. Dans cette dernière, le fort compte avant tout sur son artillerie pour écraser l'assaillant tandis que sa défense rapprochée repose sur des organes spécialisés comme la caponnière ou la galerie à feux de revers. Que ce soit dans les ouvrages de la Barrière de l'Esseillon construits par les Piémontais en Savoie ou dans les fortifications de Louis Philippe à Granville, les illustrations abondent.
Séré de Rivières au XIXème siècle va reprendre la tour de Vauban en rabaissant l'ouvrage, qui cesse d'être une tour, et en le positionnant tantôt au milieu de l'escarpe ou à l'un des angles du forts. La caponnière devient alors un organe strictement défensif dont les canons ne tirent plus que dans le fossé. Elle est dite simple quand ses tirs couvrent une direction, double quand les tirs partent dans deux directions. Les forts bâtis en France dans le cadre du programme conduit par Séré de Rivières intègrent les caponnières sur lesquelles reposent la défense rapprochée des forts, des ouvrages d'infanterieet des batteries lorsqu'ils en sont dotés.
Par ailleurs, de nombreux créneaux de fusillade ou de pied permettent aux défenseurs de faire le coup de feu avec leurs Chassepot puis leurs fusils Lebel. Mais, vulnérables à des coups directs sur leur toit, les caponnières risques d'affaiblir l'escarpe en cas de destruction et se verront renforcées par des dalles de béton, voir ci-dessu la photo de la caponnière de gorge de Dongermain, ou seront purement et simplement supprimées pour être remplacées par des coffres de contrescarpe. Ces derniers, bétonnés, sont situés dans la contrescarpe même et vulnérables qu'à des tirs directs, ne communiquent plus avec la place qu'avec un étroit passage souterrain. La caponnière va alors disparaître pour de bon sans réapparaître dans les systèmes bétonnés du XXème siècle. |
Pour finir |
nfin, quelques vues donnent un aperçu de la qualité de la maçonnerie de ces constructions et de leur organisation intérieure. Dès que possible, les plans d'un ou deux ouvrages seront ajoutés à cette page.
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