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0transp.gif - .832 KUne découverte par le texte et par l'image









La aponnière
Mise à jour le 25 septembre 2004, envoyer un mail


Définition

Cette page inhabituellement technique et détaillée décrit une catégorie d'ouvrages que j'ai découverte en 1996 au fort de Dongermain. De visites en visites, j'ai retrouvé des caponnières de formes puis d'époques variées. Pour l'anecdote, elles ont failli donner leur nom à ce site qui aurait pu s'appeler "La caponnière"!
e mot même de caponnière vient d'Italie où le terme de capponiera apparaît en 1671. Dans les faits, la notion de caponnière, à en juger par certaines constructions, est bien antérieure à cette date.
Elle désigne une petite construction permettant d'abriter des défenseurs dont les tirs balaient un fossé. Du fait de son emplacement dans ce dernier, la caponnière est toujours pourvue d'un toit sous peine de voir ses occupants décimés par le tir d'assaillants situés en hauteur (au somment du fossé ou, plus précisément, de la contrescarpe).

Au Moyen Age, la défense des fossés est principalement assurée par la projection de projectiles et liquides divers au moyen des mâchicoulis. Quelques meurtrières situées dans le corps du rempart (rarement car cela affaiblissait la résistance du rempart) et, surtout, dans les tours permettent de tirer dans le fossé et de prendre à parti les assaillants.



Puce de séparation

Naissance de
la caponnière

L'idée d'un organe situé dans les fossés et permettant de les balayer par des tirs rasants apparut au moment où les armes à feu entrèrent dans la défense des châteaux. Cette construction, dans laquelle les défenseurs ne peuvent tirer que dans le fossé, illustre la notion de spécialisation qui va dominer la fortification pour les siècles à venir. Une des premières réalisations connues peut être voir au château de Craignethan, près de Glasgow en Ecosse.

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Une des premières caponnières connues, château de Craignethan, bâti au XVème siècle. ( 28,1 Ko)

Une des premières caponnières connues en Europe

Vue de l'intérieur de la caponnière située à l'arrière plan. (50,1 Ko)

L'intérieur de la caponnière
Un lecteur m'a signalé qu'une caponnière pouvait aussi se voir au château de Bonaguil. (cliché issu du site casteland.com -18,7 Ko) Bonaguil



Puce de séparation

Fortunes diverses
des caponnières

A peu près à la même époque, des caponnières sont bâties à Salses, près de Perpignan, par les Espagnols qui signent là une ambitieuse construction annonçant les fortifications des siècles à venir.

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La forteresse de Salses est équipée de puissantes tours détachées de la place elle-même appelées cavaliers. Des galeries voûtés en partent et barrent le fossé : des caponnières. (9,8 Ko)

Forteresse de Salses

Ces caponnières sont percées de meurtrières rudimentaires qui permettent à des arquebusiers de tirer dans le fossé. (12,1 Ko)

Détail d'une caponnière de Salses


Cet organe va se retrouver dans de nombreux systèmes fortifiés mais n'aura guère sa place dans la fortification bastionnée. Ainsi, Vauban les utilisera peu (pas?). Pourtant les tours qu'il utilise dans ses deuxième et troisième Systèmes préfigurent déjà les caponnières du XIXème siècle. En effet, la partie inférieure de la tour de Vauban est équipé d'embrasures dont les tirs balaient les fossés. La partie supérieure de la tour abrite des canons dont la fonction est toute autre : tirer sur l'adversaire bien au-delà du fossé et en particulier contre battre ses canons.

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Rempart de Neuf-brisach. Au second plan apparaît une tour dans laquelle s'ouvre deux embrasures qui flanquent le fossé. (83,7 Ko)

Front de la forteresse de Neuf-Brisach



Puce de séparation

Les caponnières
au XIXème siècle

Les caponnières reviennent en fait en force au XIXème siècle avec l'introduction de la fortification polygonale. Dans cette dernière, le fort compte avant tout sur son artillerie pour écraser l'assaillant tandis que sa défense rapprochée repose sur des organes spécialisés comme la caponnière ou la galerie à feux de revers. Que ce soit dans les ouvrages de la Barrière de l'Esseillon construits par les Piémontais en Savoie ou dans les fortifications de Louis Philippe à Granville, les illustrations abondent.

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La forteresse de l'Esseillon est équipée d'organes que sont les caponnières et les galeries à feux de revers. Ainsi, le fort Marie-Thérèse. ( Ko)

Granville offre un exemple de caponnières reliant un bastion au corps de la place. (102 Ko)

Granville1.gif - 5.685 K

Outre sa fonction de passage à couvert, elle assure une fonction de défense en permettant de tirer dnas les fossés et au pied même de l'escarpe. ( 98,1 Ko)

Enceinte de Granville (XIXème siècle)

Le bastion lui-même offre un semblant de galerie à feux de revers. ( 110,2 Ko)

Enceinte de Granville (XIXème siècle)


Séré de Rivières au XIXème siècle va reprendre la tour de Vauban en rabaissant l'ouvrage, qui cesse d'être une tour, et en le positionnant tantôt au milieu de l'escarpe ou à l'un des angles du forts. La caponnière devient alors un organe strictement défensif dont les canons ne tirent plus que dans le fossé. Elle est dite simple quand ses tirs couvrent une direction, double quand les tirs partent dans deux directions.
Les forts bâtis en France dans le cadre du programme conduit par Séré de Rivières intègrent les caponnières sur lesquelles reposent la défense rapprochée des forts, des ouvrages d'infanterieet des batteries lorsqu'ils en sont dotés.

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Caponnière de gorge du fort de Saint-Michel (Lorraine). Relativement simple, elle porte deux embrasures à canons à sa base et des créneaux de pied à sa pointe pour la défense rapprochée. Elle présente un bel arrondi. ( 43,5 Ko)

Fort du Mont-Saint-Michel
Caponnière de gorge du fort de Sucy en Brie. Elle fait parte d'un système de défense de l'entrée unique et complexe. Noter le fossé diamant qui la ceint. (96,1 Ko)

Caponnière simple du fort de Condé sur Aisne. Elle est plus complexe que la précédente et sera examinée en détail un peu plus bas. On remarquera notamment que les embrasures des canons sont abritées sous des visières. (76,3 Ko)

Condé sur Aisne

Caponnière simple du fort de Sucy en Brie. Ses embrasures, abritées sous visières, ont un défilement accentu par la présence, à gauche, d'un orillon. (65,9 Ko)

Caponnière double du fort de Condé sur Aisne. Même principe, les embrasures principales sont dérobées sous des visières. ( 98,1 Ko)

Gorge, Condé sur Aisne

Caponnière située à la gorge du fort : Dongermain (Lorraine). La dalle de béton est due à une modernisation ultérieure. ( 48,6 Ko)

Fort de Dongermain

Cette vue prise depuis l'embrasure d'une caponnière permet de visualiser le tir en enfilade rendu possible par ces ouvrages (l'extrémité du fossé est ici comblée suite à des dégradations). (25,4 Ko)

Pour comprendre les multiples fonctions d'une caponnière et voir ses multiples organes. (Neuf photos)

Condé sur Aisne


Les caponnières présentent toujours deux grandes embrasures par direction à battre. En effet, leur armement est double et se compose des pièces d'artillerie suivantes (précision empruntée à l'excellent ouvrage de S. Gaber La Lorraine fortifiée):

(Cliquer sur les vignettes
- illustrations de Patrick Lacour )

d'une part un canon Hotchkiss à cinq tubes tournants modèle 1879, tirant jusqu'à 30 "boîtes à balles" à la minute, arme redoutable contre l'infanterie (des mitrailleuses Reffye ont préalablement assuré cette fonction anti-personnelle)

d'autre part un canon de 12, modernisé pour se charger par la culasse, tirant des obus et plus particulièrement chargé de démolir d'éventuels travaux du Génie adverse (avant l'introduction de ce "12 culasse" en 1884, ce sont des pièces de 7 qui remplissaient cette fonction).


Par ailleurs, de nombreux créneaux de fusillade ou de pied permettent aux défenseurs de faire le coup de feu avec leurs Chassepot puis leurs fusils Lebel.

Mais, vulnérables à des coups directs sur leur toit, les caponnières risques d'affaiblir l'escarpe en cas de destruction et se verront renforcées par des dalles de béton, voir ci-dessu la photo de la caponnière de gorge de Dongermain, ou seront purement et simplement supprimées pour être remplacées par des coffres de contrescarpe. Ces derniers, bétonnés, sont situés dans la contrescarpe même et vulnérables qu'à des tirs directs, ne communiquent plus avec la place qu'avec un étroit passage souterrain. La caponnière va alors disparaître pour de bon sans réapparaître dans les systèmes bétonnés du XXème siècle.




Pour finir

nfin, quelques vues donnent un aperçu de la qualité de la maçonnerie de ces constructions et de leur organisation intérieure. Dès que possible, les plans d'un ou deux ouvrages seront ajoutés à cette page.

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Détail des maçonneries au niveau des créneaux de pied. (55,3 Ko)

Intérieur d'une caponnière de gorge (Mont-Saint-Michel)

Intéreiur de la caponnière de Dongermain, détail des crneaux de pied. (36,3 Ko)

Caponnière de gorge de Dongermain

Clé de voûte de la caponnière de gorge de Dongermain. ( 36,1 Ko)

Vue d'une galerie de fusillade s'étendant perpendicuairement à l'axe de la caponnière. Elle se finit par une poterne débouchant dans le fossé diamant. ( 36,6 Ko)

Fort de Condé sur Aisne

Vue des embrasures à canons d'ine caponnière.

Fort de Condé sur Aisne

Détail de l'embrasures à canon d'une caponnière avec deux meurtrières de part et d'autre. ( 29,2 Ko)

Fort de Condé sur Aisne


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