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L'volution de l' rtillerie
Page revue et augmentée le 20 août 2007

ette page est due à une remarque qui me semblait justifiée : pourquoi ne pas parler des canons qui garnissaient ces forts? Pourquoi ne pas donner un aperçu de l'évolution de l'artillerie?

C'est ce que j'ai fait ici en réunissant toute sorte de données éparses. Je tiens à remercier une nouvelle fois le Dr J.M. Balliet de Colmar pour son concours inestimable (et sa relecture impitoyable!) qui a fait de mon fatras une page vous permettant de découvrir le sujet.


'apparition du canon est un des évènements majeurs de l'histoire militaire et, de fait, de l'Histoire tout court. Dès la plus haute Antiquité, le développement des villes fortifiées oblige les assaillants à se doter de moyens leur permettant d’abattre les murailles adverses. La création d’une brèche dans la muraille était donc la vocation première de l’artillerie mais l’envoi de projectiles enflammés pour incendier la ville était aussi pratiqué pour amener la capitulation de la ville. Ces pratiques survivront autant chez lez Français incendiant Montmélian au moyen de boulets rouges en 1605 que chez les Prussiens bombardant Paris en 1871 ou lors du bombardement de Sarajevo en 1992-1995.
La nature de l’artillerie utilisée dans l’Antiquité et au Moyen Âge est variée. Catapultes, onagres, balistes, trébuchets, ces engins puisent leur puissance soit dans un mécanisme de torsion (e.g . la catapulte), soit dans un mécanisme de contrepoids (e.g . le trébuchet). De même, la nature des projectiles utilisés est extrêmement diversifiée. Pierres, rochers, boulets cerclés de fer, traits, tonneaux emplis de matière enflammée, voire carcasses dans certaines circonstances, la nature de ce que les défenseurs prenaient sur la tête (ou envoyaient eux-mêmes sur leurs agresseurs!) est édifiante. Cependant, cette "artillerie" montre des performances limitées. L'énergie cinétique des projectiles est rarement suffisante pour causer des dommages critiques aux défenses et sa capacité à tuer des défenseurs demeure faible. En outre, la précision est généralement faible et la notion de bombardement est encore fortement tempérée par la chance. Jusqu'au XIVème siècle, les techniques de sape ou de mines, les machines d’assaut (tours, béliers etc.) et les échelles demeurent des moyens au moins aussi efficaces d’emporter la décision.


[Trébuchet]
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Trébuchet_Castelnaud

Date de mise en service : 12ème siècle
Calibre : Non applicable (projectiles de 200 à 400 kilos)
Portée : jusqu'à 220 mètres (56 kilos)
Cadence de tir : 1 à 2 coups/heure
Nombre de servants : 60 à 100

Il s'agit en quelque sorte de la pièce d'artillerie "avant la poudre" la plus achevée. Elle nécessitait cependant un personnel nombreux et qualifié (pour la construire et la mettre en oeuvre).
Atteignant jusqu'à 16 mètres de haut et doté d'un contrepoids pouvant peser jusqu'à 18 tonnes, c'est un engin impressionnant mais vulnérable.
(Source principale : site du Château de Batiaz, nombreux exemples de machines médiévales)


résenter chaque pièce marquante ou caractéristique d'une époque est une autre façon de faire comprendre la forme adoptée par les ingénieurs dessinant les fortifications.

[Bombarde]
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Siège_de_Lisbonne_1384

Date de mise en service : 14ème siècle
Calibre : 300 - 500 mm (jusqu'à 930 )
Portée : jusqu'à 200 mètres (50 kilos) mais compter 50 - 60 mètres en fait
Cadence de tir : quelques coups par jour
Nombre de servants : variable

La première utilisation d'armes à feu au combat est attestée lors de la bataille de Crécy (1346) où elles n'ont strictement aucun effet hormis le bruit étourdissant qu'elles produisent.
La technique de construction des bombardes tâtonne jusqu'à l'adoption du bronze. Ce dernier présente des qualités d'élasticité bien supérieure à la fonte (qui est elle cassante) ou au fer (trop dur donc difficile à usiner).
En revanche, s'agissant des boulets, le fer l'emporte rapidement sur la pierre (qui se casse). Ce sont les frères Bureau qui généralisent l'usage des boulets métalliques, après 1400, et qui vont organiser et structurer l'artillerie française. C'est généralement à l'efficacité de cette dernière que l'on attribue la victoire française à l'issue de la Guerre de Cent Ans.
La bombarde demeure cependant fixe, lourde (2 à 3 tonnes) et d'un emploi périlleux.
(Sources principales : article très complet des Gentilshommes de la Brette sur les débuts de l'artillerie et article sur la bataille de Morat)


[Canon "de la Renaissance"]
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Sébastien_Brandt_1532

Date de mise en service : milieu du 15ème siècle
Calibres : 32, 24, 16, 12, 8, 4 (1)
Portée : 500-1.000 mètres
Cadence de tir : 8 à 15 coups par heure
Nombre de servants : 4/5 hommes

(1) Il s'agit en fait du poids du boulet en livres (0,46 kg)/ pour un calibre 12, le tube est long de 5 mètres
Avec l'apparition de l’attelage et l'allègement de la pièce, le canon est doté de mobilité qui va permettre son utilisation en rase-campagne et plus seulement lors des sièges.
En outre, la standardisation des calibres des boulets et des canons permet une fabrication en masse et la constitution d'un parc d'artillerie facilement ravitaillable. La poudre peut aussi être stockée dans des quantités pré-dosées adaptées au calibre du canon.
L'artillerie devient une réalité sur le champ de bataille et c'est Charles VII (ordonnances de 1445-1448) qui dote la France de la première artillerie européenne.
Un certain nombre de réformes successives interviennent jusqu'à la Révolution se traduisant par des tentatives plus ou moins réussies de réduire le nombre de calibre et de normaliser les matériels.
(Sources principales : article sur l'armée espagnole et Quid )


[Canon de 12 de campagne Gribeauval]
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Canon_Gribeauval_calibre_12

Date de mise en service : 1765
Calibre : 129,3 mm (1)
Portée : 3.600 mètres (en pratique 300-400 mètres )
Cadence de tir : 8 à 12 coups par heure
Nombre de servants : 15

(1) Tirant un boulet de 12 livres i.e. un peu moins de 12 kg à 520 m/s.
Gribeauval réorganise l'artillerie française en diminuant encore le nombre de calibres et en répartissant les pièces entre "campagne" (groupe auquel appartient ce canon de 12) et "siège" ou "de place". Mais il standardise surtout la production des tubes et des affûts, il améliore le chargement de la pièce par l'usage d'une munition encartouchée qui augmente la cadence de tir et il renforce la mobilité de la pièce (en l'allégeant et la dotant d'une prolonge qui permet le tir sans dételer). Enfin, le pointage est grandement amélioré (donc la précision) par l'utilisation d'une vis réglant l'élévation du tube.
Il le fait avec tant de succès que le système Gribeauval appuiera le succès des armes françaises sous la Révolution, sous l'Empire et jusqu'en 1827 (introduction du système Vallée).
Les projectiles sont de deux types : boulet et cartouche à balles (canister en anglais). Les premiers permettent d'allonger la portée pratique jusqu'à 500-600 mètres en faisant ricocher le boulet sur le sol.
La pièce de 12 pèse 1,6 tonnes (affût inclus). Le nombre de servants d'une pièce de place (dans un fort) tombe à 5.
(Sources principales : site de JM Balliet, matériel des servants sur le site de Yorktown, caractéristiques sur le site napoléonien 1804 et illustrations du site consacré à Bonaparte L'Envol)


[Canon rayé "La Hitte" ]
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Pièce de 4 (La Hitte)

Date de mise en service : 1859
Calibre : 86,5 mm
Portée : 2.400 mètres
Cadence de tir : 3 coups par minute
Nombre de servants : 5

Les caractéristiques données sont celles d'un canon de 4 (obus de 4 kg, on ne compte plus en livres mais désormais en kg) qui est une pièce de campagne.
Le fût du canon est équipé de fines rayures qui obligent l'obus (de forme oblongue et non plus sphérique comme le boulet) à tourner sur lui-même lors du coup de départ, acquérant ainsi une vitesse initiale beaucoup plus grande (325 m/s).
La portée et la précision du canon s'en trouvent améliorées.
Ce canon sera opposé au Krupp prussien à chargement par la culasse et c'est la qualité des fusées armant les projectiles allemands qui emportera la décision sur le terrain plutôt que le chargement par la culasse.
(Sources principales : site consacré à la Bataille de Mars La Tour en 1870 )


[Canon de 155 mm De Bange]
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De_Bange_155

Date de mise en service : 1877
Calibre : 155 mm
Portée : 12.700 mètres
Cadence de tir : 1 à 2 coups par minute
Nombre de servants : 6

Le lien ci-dessus mène à la page consacrée au système De Bange.
L'obus pèse 41 kilos (18,3 pour un canon de 120 mm dont la portée est de 12.400 m) et nécessite une charge de poudre (en gargousses) de l'ordre de 100 kilos. Il est propulsé à 515 m/s.
La pièce pèse 5,7 tonnes (2,7 pour le 120).
(Sources principales : site d'artillerie polonnais et site dédié au système De Bange)




[Canon Skoda 305 mm]
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Skoda_305_1914

Date de mise en service : 1911
Calibre : 305 mm
Portée : 11.800 mètres
Cadence de tir : 10 coups par heure
Nombre de servants : 12 (50 pour la logistique)

Cette pièce a été spécialement étudiée pour détruire les forts. Ces mortiers réduiront les forts belges de Namur et d'Anvers avant d'être dirigés sur le camp retranché de Maubeuge (et ils feront ainsi défaut aux allemands approchant de Paris, forçant un mouvement des armées qui amènera la contre-attaque de la Marne).
Cette pièce pèse 25 tonnes et expédie des projectiles de ... 380 kilos (sans compter la charge de poudre)!
Pour avoir une idée, la photo ci-jointe (cliquer ici) d'un obus de 420 mm donne une idée de la monstruosité de ces pièces (photo prise au musée du Fort de Loncin).
(Sources principales : CD Rom consacré au fort de Troyon - épuisé )





our en savoir (beaucoup) plus, rendez-vous sur le site artillerie.info de J.M. Balliet. Vous y trouverez notamment des pages dédiées à chacune des époques évoquées et des illustrations des pièces. Une série de clichés porte notamment sur un fort Séré de Rivières et son artillerie photographiés à la fin du XIXème siècle.





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