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Les Forts de Séré de Rivières 1874 - 1886
Page revue le 26 spetembre 2004


Introduction

e salue ici tout de suite M. Claude FRANCOIS, de l'Association "CEUX DE TROYON", dont la chaleur de l'accueil et l'érudition passionnante dont il a fait preuve ont fait de la visite du Fort de Troyon un très grand moment.

Cette page est aussi dédiée à Fred pour son inestimable talent de photographe.


Les premiers ouvrages construits par Séré de Rivières sont achevés à la fin de la décennie 1870 et pour les derniers vers 1885. Par convention, on les dira appartenir à la Première période, bien que cette expression ne soit pas reconnue. L'illustration suivante, extraite de l'excellent "Le bouclier abandonné", (voir bibliographie) représente un fort typique de cette période : ceint d'un fossé, pourvu de trois caponnières et d'une caserne, sa surface est couverte de positions d'artillerie.


Les plans et reliefs n'ont pas disparu. L'association A la découverte du fort de Sucy a mis 18 mois pour réaliser le sien. Le résultat, comme le produit de leur restauration de l'ouvrage est remarquable. Une visite de ce fort, facilement accessible à tous les habitants d'Ile de France, est particulièrement instructive. Le lien ci-dessous vous permet d'accéder à diverses vues de la maquette.



Cette nouvelle illustration, issue de "Citadelles d'azur" (voir bibliographie) donne un autre aperçu des forts du Premier système. La terre et la pierre uniquement sont utilisés pour construire le fort. Quelques parties en pierres apparaissent, généralement du côté opposé à celui de l'adversaire. Dans les faits, ce fort est légèrement antérieur car bâti entre 1872 et 1875.

Fort de la Croix Faron, Toulon


La photo ci-dessous réalisée par Benoît Rolle et issue de l'excellente plaquette consacrée au fort d'Uxegney (voir bibliographie) illustre ce qu'est un fort achevé en 1884 et qui a connu deux modernisations. Cliquer sur cette vignette pour voir une photo de grande taille (149 Ko).

Fort d'Uxegney, Epinal

Pour les lecteurs ayant suivi l'ordre chronologique, une comparaison avec un fort de Vauban peut être intéressante. Cliquer ici pour revenir à une vue de la Citadelle de Neuf-Brisach.



La fortification
polygonale

r, pour les lecteurs déjà familiers avec les principes de la fortification bastionnée (voir les pages consacrées à Vauban), ces forts ne ressemblent guère à ce que Vauban a construit en dehors d'un vague aspect pentagonal!
La fortification bastionnée est le fruit d'une artillerie dont la portée dépasse difficilement trois kilomètres. Théorisée par Cormontaigne en ce qui concerne la France (Coehoorn pour la Hollande par exemple), cette façon de construire des fortifications est délaissée par la Prusse dès 1815 et par les Britanniques dans le courant des années 1840. Il faudra attendre, en France, la défaite de 1870 pour mesurer que cette fortification, malgré les améliorations d'un Carnot ou d'un Haxo, ne résiste pas au tir des canons rayés dont les obus sont équipés de fusées percutantes. Les sièges de Paris, de Belfort et de Bitche montrent que les nouvelles pièces peuvent, sans les travaux d'approches compliqués théorisés par Vauban, démolir les principaux organes d'un fort à plus de quatre kilomètres.
La fortification polygonale est donc officiellement adptée par la France en mai 1874. Dans les faits, dès 1830, des éléments distinctifs de cette façon de bâtir apparaissent dans les forts construits en France (ainsi les bastionnets de Haxo, préfigurant les caponnières de Séré de Rivières). Cependant, le Fort des Justices, achevé près de Besançon en 1872, est encore clairement un fort bastionné - le dernier bâti en France.
La France opte pour le tracé "polygonal simplifié" dont la principale caractéristique est de confier à chaque organe une mission particulière. Le tracé polygonal du rempart, désormais dépourvu de bastions, est simplement dicté par l'orientation et le nombre des canons qui garnissent les remparts et dont la mission est de tirer sur les approches du fort (jusqu'à 9 kilomètres). Le fort est dit "à cavalier", "àa massif central" ou "à crête de feu unique" selon l'organisation interne du fort et du positionnement de ses batteries.

Certains forts construits entre 1874 et 1886 connaitront une première vague de modernisations à la fin du siècle et à nouveau, toujours pour certains seulement, une seconde modernisation avant la Première Guerre mondiale. Ces changements ne seront pas véritablement théorisés, ne s'inscrivent pas dans une logique "de système" mais bien plutôt dans une démarche extrêmement pragmatique : renforcer des forts toujours remis en cause par les progrès rapides de l'artillerie.
Ces modernisations seront traitées après s'être familiarisés avec un ouvrage type du Premier système.






Description
préliminaire

es ouvrages de Séré de Rivières, dans leur conception originale "1874", sont reconnaissables entre tous par les traits distinctifs suivants (les lettres ci-dessous renvoient au plan du Fort de Mont Bart construit en 1874) :


  • C'est un fort entouré d'un fossé (FF) maçonné sur l'escarpe (M) et la contre-escarpe (N). De forme généralement polygonal, il ne laisse deviner que des massifs de terre. Ses casernements (J), magasins et poudrières (I) sont enterrées, généralement, en son milieu. Les communications se font par des tunnels ou des "boulevards" à l'air libre (K) mais très encaissés (on dit "défilés") et coupés par des traverses de terre qui gênent autant la vision de l'adversaire sur l'intérieur du fort que ses tirs.



  • Ses organes défensifs sont principalement des positions de combat d'infanterie disséminées à la périphérie du fort, dominant l'escarpe, le fossé et le chemin couvert. Ces positions ne sont rarement plus qu'une banquette de tir sur laquelle s'allonge le soldat, cette banquette étant "posée" sur le talus de l'escarpe.



  • En revanche, les fossés sont battus par des organes spécialisés que sont les caponnières (qui sont attachées à l'ouvrage même); elles peuvent être simples (tirant dans une seule direction comme D') ou double (dans deux sens comme D) et dont les feux battent les fossés, assurant ainsi le flanquement général de l'ouvrage. Nouveauté depuis février 2003 : se rendre à la page consacrée aux caponnières.
    Tout assaillant descendu dans le fossé devra faire face à des tirs de mousquetterie, de pièces de 12 (une par face battue) et de canons revolvers Hotchkiss tirant des obus à balles (idem). Ces organes sont très souvent entourés d'un "fossé diamant" (le x devant les caponnières D') limitant l'accès aux créneaux de pieds (forme la plus fréquente des meurtrières) et retardant le comblement du fossé par les éboulements dûs au bombardement ennemi.



  • La raison d'être du fort est d'être une batterie d'artillerie à découvert. Aussi, des canons en parsèment sa surface. Ils tirent "en barbette", c'est à dire qu'ils sont sur une simple plateforme en terre (F), protégés par un parapet de terre. Les servants ont, à côté un abri-traverse (E)qui comporte parfois au fond une petite Sainte Barbe dans laquelle sont assemblés les obus (douille, poudre, tête et fusée). Fréquemment, un petit escalier souterrain ou "'pas de souris" relie l'abri à la plateforme sur laquelle se trouve le canon. On remarque vite la forme générale de la plateforme encadrée de deux abris traverses, reliés par un parapet et voyant s'ouvrir d'étroits escaliers débouchant de l'abri.



  • Son entrée est gardée par un ouvrage avancé (A) d'ampleur variée. Ainsi, au Fort de Troyon, c'est un ravelin qui mérite à lui seul la visite! L'entrée comporte en revanche toujours un pont levis (B) ou tournant (rarement, deux exemplaires en Lorraine). L'entrée s'ouvre dans la direction supposée opposée à la progression de l'adversaire (face à la ville du camp retranché par exemple).
    Les défenseurs de ces forts en 1914 -1918 l'apprendront à leurs dépens: ces forts requièrent une "sortie de secours" pour ne pas se transformer en piège lorsqu'ils sont investis par l'adversaire. De telles sorties seront creusées pendant la guerre à parfois 500 mètres du fort.



  • Les positions
    d'artillerie

    usqu'à l'apparition dans les années 1850 des canons à chargement par la culasse, les pièces sont installées "en barbette", c'est à dire à l'air libre, derrière une protection sommaire. Les canons à chargement par la culasse sont toutefois plus rapides et demandent à ce que certaines précautions soient prises, même si la contre-batterie est encore embryonnaire (quoique sous Vauban déjà, des batteries avaient pour tâche exclusive de prendre à partie les batteries adverses). Or, la fonction première des forts de Séré de Rivières sont d'être des forts "d'artillerie". Leur vocation est d'être équipé de canons de fort calibre, 120 mm et plus - en système de Banges à mesure que les calibres sont disponibles -, canons qui vont battre les alentours.
    Séré de Rivières a esquissé une "Barrière de Fer" constituée de ce type de forts dont les canons peuvent se soutenir mutuellement (leur portée étant de 9 kilomètres, les forts sont espacés de neuf kilomètres pour permettre un flanquement mutuel). Cependant, des forts dits "isolés" sont prévus et ne pourront compter sur aucun flanquement. Leur conception même, leur permettant de faire face à un assaillant sur tous les côtés les désigne. C'est d'ailleurs le cas du Fort du Mont Bart dont le plan est visible ci-dessus qui illustre le type de fort "à massif central". Pour avoir une illustration du principe de flanquement, se rendre ici.
    Initialement, pour se protéger de canons tirant rapidement, les emplacements de tir sont laissés à l'air libre mais la pièce est protégée de chaque côtés par des cavaliers. Ceux-ci assurent le défilement de l'emplacement mais abritent surtout en-dessous des casemates dans lesquelles les équipages des pièces s'abritent et assemblent les obus.

    Voici quelques clichés qui sont accompagnés de plusieurs lignes d'explications.

    Cliquer sur les vignettes pour voir une photo de plus grande taille.
    Vue d'un emplacement d'artillerie et descriptif des principaux éléments le constituant. (70,9 Ko) Batterie des Roches (Pont de Roide)
    Un bras de traverse vu de l'intérieur de l'abri-traverse. Fort du Mont-Michel (Toul)
    Un bras de traverse vu de l'extérieur de l'abri-traverse, depuis la plate-forme du canon.
    Définition de la notion de défilement. Fort de Domgermain
    La protection d'un fort : maçonnerie et terre. Abri traverse de Villey-le-Sec (batterie nord?)
    Autre vue d'un puits d'aération donnant un aperçu de l'épaisseur de la couche de protection. Caserne du fort de Pagny la Blanche cote
    Cette image d'un tunnel surmonté d'un énorme massif de terre résumé la philosophie de ces forts dont les organes vitaux (casernes, poudrières) disparaissent sous les masses de terre. Au fond, on distingue la cour du réduit. Accès au réduit central du Fort de Dongermain
    Vue du réduit central du fort de Dongermain. La caserne, non bétonnée, ne comporte qu'un seul étage. Une des poudrières se trouve sous le massif qui fait face à l'objectif. Cour du fort de Dongermain, Toul
    La rue du rempart que l'on voit serpenter et faire le tour du périmètre de l'ouvrage de Dongermain, desservant les différents emplacements des canons. Pour mémoires, les bâtiments à droite présentent un exemple de caserne d'origine en pierre et de cuirassement bétonné non armé d'après 1886. Rue du rempart, Dongermain
    Enfin, s'agissant de l'artillerie déployée dans ces forts, cliquer sur la vignette ci-dessous pour atteindre la page qui lui est consacrée.
    Vers




    Continuer la visite.

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