: De la Fortification : Séré de Riviéres

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Séré de Rivières et son système
Page mise à jour le 02 octobre 2005


Avant-propos

our ceux des lecteurs qui ont suivi l'ordre chronologique du site, c'est un bond de presqu'un siècle qui est fait. En effet, les Ecoles qui vont succéder à Montalembert ne seront pas abordées ici. Michaux d'Arçon et sa célèbre "lunette" (un exemple peut être vu à Montdauphin), Carnot et son "mur" qui donnera les "caves à canons" et les derniers avatars de la fortification bastionnée sous Louis Philippe sont autant d'éléments de référence ignorés ici (peut-être temporairement).





Biographie

R.gif - 1.574 Kaymond Aldophe Séré de Rivières naît en 1815 à Albi. Il participe aux expéditions militaires en Algérie (1841) et en Italie (1859) mais travaille surtout aux fortifications de Toulon (1843 - 1847), Metz (1864 - 1868) et Lyon (1868 - 1870). La Guerre de 1870 le voit Général commandant le Génie de l'Armée de l'Est (sous les ordres de Bazaine) et il participe à la répression de la Commune de Paris en tant que commandant du Génie du IIéme Corps de l'Armée de Versailles. Rapporteur au procès de Bazaine en 1872, il devient secrétaire, la même année, du Comité de Défense (cf. infra).
Devenu Directeur du Génie au ministère de la Guerre de 1874 à 1880, il est alors mis à la retraite en prenant le prétexte des difficultés finanicères de certains entrepreneurs mais plus vraisemblablement par ce qu'une partie de l'Etat-Major souhaite se débarasser d'un homme incarnant une stratégie défensive passée de mode.
Il est regrettable de constater l'oubli relatif qui entoure Séré de Rivières, officier qui sut proposer peu après la défaite de 1870, un système cohérent de défense renouvelant la fortification et se traduisant par la construction de plus de 200 forts et ouvrages, sur les frontières de l'Est et des Alpes. La postérité ne lui a décerné, à ce jour, qu'une modeste rue de Paris, dans le XIVème arrondissement!! Comme le rappelle Guy Le Hallé dans l'ouvrage qu'il lui consacre, son épitaphe sonne comme un reproche : "les pierres témoigneront".







Le Comité de
Défense

a défaite de 1870 a révélé bien des choses sur la faiblesse des armes, des tactiques et... de la démographie françaises. Aussi, l'exigence d'un système de fortification protégeant le pays d'une nouvelle invasion de nos voisins germaniques s'impose à la communauté nationale et c'est au Comité de Défense, créé en juillet 1872, qu'il échoit d'élaborer un tel système.
Ses travaux vont s'échelonner entre 1872 et 1878, Séré de Rivière présentant en mai 1874 un rapport qui dépeint le futur système défensif retenu.





Le système
défensif

e système élaboré par le Comité a opté pour une organisation reposant sur 4 "camps retranchés" : les trois Evêchés (Verdun, Toul et Epinal) et Belfort. Ces places sont entourées d'une ceinture de forts entourant la ville qui contient des infrastructures de communication et de stockage (munitions, nourriture etc.). Entre Verdun et Toul ainsi qu'entre Epinal et Belfort sont tendus des "rideaux défensifs" (revoir le plan) dont la résistance attendue doit contraindre l'agresseur à plutôt s'engager dans la Trouée de Charmes ou la Trouée de Stenay. C'est à cet endroit que les troupes françaises, leurs flancs protégés par les camps retranchés, pourront alors engager les armées adverses (numériquement plus nombreuses). La présence de voies ferrées nombreuses dans les camps retranchés permet notamment la concentration rapide des troupes de manoeuvre lors de l'éclatement des hostilités.
Un fort appartient donc à un camp retranché, à un rideau ou est dit "isolé". Dans ce cas (exemples : Frouard, Manonvilliers), sa mission est de tenir un point de passage obligé ou un centre de communication. Sinon, les forts sont construits à environ 9 kilomètres les uns des autres : les progrès de l'artillerie (Systèmes de Bange notamment, dont les canons de 120 mm et 155 mm portent à environ 9 km) permettent alors une couverture mutuelle des ouvrages. Passer entre deux de ces forts amène l'attaquant à s'exposer des tirs de canons dont les obus auront vite fait de décimer les longues colonnes d'hommes d'une armée en marche.

La visite du Camp retranché de Toul, en Lorraine, est instructive.
Le seul Côteau de Domgermain à quelques kilomètres à l'Ouest de Toul, porte
deux forts : Blenod et Domgermain,
l'ouvrage d'Infanterie des Charmes (un très gros blockaus avec fossés et caponnières),
de nombreuses positions d'artilleries de campagne,
un abri-caverne d'infanterie (particulièrement spectaculaire),
des tunnels menant à des poudrières enfoncées profondément sous le côteau,
des centaines de mètres de boyaux encore visibles.
L'ensemble était desservi par une voie 60 Decauville qui a disparu mais dont demeurent, outre le tracé sur le flanc "français" du côteau, les gares.
Illustration du principe de couverture mutuelle, le Fort de Domgermain était couvert par les tirs du fort de Blenod et de celui de Saint-Michel, dominant Toul.

Pour plus de précision sur l'organisation générale du Camp retranché, cliquer ici.





Les forts et
leur construction

a construction de tous ces ouvrages dictés par le Comité de Défense fut un chantier considérable mené avec des moyens somme toute limités d'un point de vue technique : pelle, pioche et brouette pour l'essentiel, la terre et la pierre de taille constituant les matériaux quasi-exclusifs. La IIIème République (depuis l'Amemdement Wallon) va débourser la somme fabuleuse de 460 millions de francs-or entre 1874 et 1886.
Pourtant, la mise à la retraite anticipée de Séré de Rivières, dictée par un revirement de la pensée stratégique française qui se tourne désormais vers l'offensive, n'a fait que préfigurer une remise en cause du système défensif intervenue en 1882. A cette date, la construction d'un système équivalent pour couvrir la frontière du Nord est abandonnée ainsi que la réalisation d'une deuxièle ligne, en arrière des quatre camps alors en cours d'achèvement. Seuls deux forts de cette seconde ligne seront donc construits dont celui de Mlmaison à côté de Soissons. Aussi, dépourvu de forts de flanquement, il n'a guère d'utilité et sera donc "sacrifié" en 1886 par l'Armée qui l'utilisera, et le détruira en partie, pour tester les nouveaux canons.
Le coût des travaux d'achèvement du système prévu en 1874 a paru dispendieux tandis que l'Etat-Major a assuré aux autorités politiques sa capacité à conduire une offensive contre l'Allemagne.

Suite recommandée : examen d'un fort de la période 1874 - 1886;
Sinon passer directement aux évolutions ultérieures du système défensif.



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